Apprends à la fermerIsaac Lahey & Calista DelacourPour être totalement honnête, Isaac n’était pas vraiment le genre de personne à souvent sortir. Au contraire, même. Depuis qu’il était jeune, les seules fois où il sortait, c’était pour son Alpha, pour aller en cours ou pour aller recruter des personnes pour l’Académie Argent. On peut donc dire que ouais, ce n’est pas vraiment dans ses habitudes de sortir pour le plaisir, de sortir pour prendre l’air. Même pendant la pleine lune, il ne sortait quasiment jamais et pas par peur de s’attaquer à quelqu’un, non, pas du tout. Il avait su très rapidement se contrôler, grâce à Derek qui lui avait expliqué comment faire. Si Derek avait usé de sa colère, Isaac avait toujours pensé à son père pour se contrôler. Si l’on pourrait penser que c’était le comble compte tenue de leur relation, mais pour être honnête, Isaac s’en foutait pas mal de l’avis que quelqu’un pourrait avoir sur lui ou sur ce qu’il utilise pour se calmer. Ouais parce que même si son père avait été un connard vers la fin de sa vie, il restait son père et ce n’est pas rien.
Je me sentais toujours perdue. Ma vie s'était compliquée et n'était pas prête à se simplifier. C'était difficile de voir sa vie être bouleverser à ce point-là. Passer d'une humaine simple, fragile, à la vie tout ce qu'il y avait de plus normale, à une créature dangereuse qui ne sait pas se contrôler. Et puis, ce n'était pas tout. Ma perception des choses avait totalement changée. Je ne voyais plus rien de la même façon. C'était terrifiant de voir tout ce en quoi on croyait devenir... différentes. Je sentais des odeurs que je ne sentais pas avant - mon sens de l'odorat ayant toujours été moyen en plus de ça. J'entendais des murmures qu'il m'aurait été impossible d'entendre auparavant. J'entendais même les coeurs battre... Puis... Il y avait aussi toutes ces émotions qui me prenaient aux tripes, qui me venaient en pleine figure sans que je ne puisse rien faire. Quand j'étais triste, avant, je pleurais. Maintenant... J'avais l'impression que mon coeur se fendait à chaque fois que je laissais une soupçon de tristesse pointer le bout de son nez. Quand de la colère m'envahissait, avant, je criais et ça s'arrêtait là. Maintenant, je pourrais tuer la première personne que je croisais. Tout était décuplé et ce n'était pas agréable de ressentir une émotion fois mille comparée à avant... Alors non, les choses n'étaient pas encore prêtes à se simplifier...
Pour être tout à fait honnête, même la foule me faisait peur. J'étais assez sociable en temps normal mais je n'avais plus le courage de fréquenter trop de gens d'un coup, de peur de ce que je pourrais faire. Aujourd'hui était un mauvais jour. Je m'étais réveillée avec mes griffes et crocs dehors à cause d'un mauvais rêve. Si ma journée commençait comme ça, mon petit doigt me disait que je ferais mieux d'éviter de fréquenter trop de personnes. J'avais donc opté pour la solitude et la forêt m'avait parue la meilleure solution. Me recentrer avec la nature. Ce que j'étais étant un animal sauvage, j'imaginais que faire un petit tour dans la nature ne risquait pas de me faire du mal, bien au contraire. Je marchais donc entre les arbres en admirant la beauté naturelle des lieux. J'avais toujours apprécié la nature mais encore une fois, je voyais la forêt d'une façon différente, entendant des gazouillis lointain que je n'aurais pas entendu en étant restée une humaine pure souche.
Un soupire m'échappa. J'entendis alors des pas et me mis derrière un arbre. Je n'étais pas encore capable de faire la différence entre humains, créatures ou que sais-je d'autres. Je soupirai doucement de soulagement en voyant finalement Isaac devant moi. “Calista ? On t’a jamais dit que les enfants doivent pas se promener tous seuls dans les bois ?" Je levai les yeux au ciel en arborant malgré tout un petit sourire. "C'est gentil de t'inquiéter pour moi papa, mais je te rappelle que ça fait longtemps que je ne suis plus une enfant." C'était ça avec Isaac. Il me traitait parfois comme une enfant alors je l'embêtais en insinuant qu'il était vieux. Nous n'avions pourtant qu'une année de différence mais c'était comme ça entre nous: on se lançait des piques et se taquinait très souvent. Par contre, il était là quand j'avais besoin de lui et quant à moi, j'étais là quand il avait besoin de moi. Même si, soyons honnête, il y avait plus de chance que ce soit moi qui ait besoin de lui que l'inverse. Du moins, je crois. "Que fais-tu ici?" Autant jouer la carte de la curiosité jusqu'au bout. Je ne me gênais pas pour lui demander directement. Après tout, j'étais curieuse de savoir pourquoi il était dans la forêt, seul. Je me demandais si lui aussi était en quête de solitude, un peu comme moi.