Louise ◈ « die Rosen wollen verblühn wenn sie dich sehen »

Histoire : De Fallois. Ce nom de famille, typiquement français, ne vous dit peut-être rien. Pour Louise, il s’agit du nom qu’elle aurait pu porter à sa naissance si son paternel n’avait pas souhaité la reconnaître. Ceci dit, il s’agit surtout du nom de famille de sa mère et de son demi-frère cadet. Contrairement aux idées reçues, Elisa De Fallois – née Elisabeth – est une bonne mère. Le reproche qu’on pourrait lui faire, c’est de s’amouracher trop rapidement des hommes et de concevoir des enfants trop aisément. Il y a d’abord eu Alexandre De Fallois, 31 ans aujourd’hui, né de son union avec son amour d’adolescence – Elisa n’ayant que dix-neuf ans. Il s’est enfui lorsqu’il a appris que sa petite-amie était enceinte, sans assumer ses responsabilités. Puis, il y a eu Victoria De Fallois, âgée de 27 années, issue d’une relation avec un homme sans argent, rencontré lors d’un voyage en Amérique latine. Elisa ne s’est rendu compte de sa grossesse qu’une fois rentrée au pays et elle n’avait pas gardé l’identité de son amant de l’époque. Ensuite est née Louise, bientôt 23 ans, qui est le fruit d’une aventure extra-conjugale avec un dénommé Richard Whyrte, ambassadeur natif de Londres où séjournait Elisa et ses deux autres enfants pour son travail. Contrairement aux autres amants d’Elisa, il a reconnu sa fille et elle porte son nom à la consonance anglophone. C’était pratique, lorsque Louise était une jeune enfant. Ça a été un peu moins évident à leur retour en France, à Valdargent – lieu de naissance de sa mère – alors que la cadette de la famille était âgée de cinq ans. Hélas, la folie maternelle d’Elisa ne s’est pas tarit. Elle est tombée très amoureuse de Valentino, un bel Italien de sang noble qui l’avait demandé en mariage. De leur union est née Rose De Fallois, âgée de 19 ans actuellement. Si elle ne porte pas le nom de famille italien de son père, c’est parce que ce dernier a finalement décidé d’épouser une autre femme. Comme quoi, Elisa De Fallois n’est peut-être pas destiné au bonheur d’un beau mariage. Néanmoins, elle a pu offrir tout le confort nécessaire à sa progéniture, grâce à son héritage familial imposant et son travail en tant que styliste dans un cabinet de mode réputé, qui lui permet de travailler à distance. C’est donc dans cette famille atypique que Louise Whyrte a vu le jour, bercée d’amour et de douceur. Ceci dit, elle a toujours eu des contacts irréguliers avec son père, Richard Whyrte, qui avait eu un mariage difficile. De cette première union était née Lia, la demi-sœur aînée de Louise, avec qui elle partageait une relation profondément forte. Et après la naissance de Louise, puis son divorce, Richard décida de ne pas avoir d’autre enfant. Ni d’autre femme, d’ailleurs.

L’enfance de Louise se déroula presque sans encombre. Durant les premières années de son existence, Louise a vécu entourée par des anglophones, bien qu’elle parlait français auprès de sa famille. L’entrée à l’école fut un peu particulière pour la jeune demoiselle, car elle a très vite été cataloguée au rang de « la Petite Française », à son grand désespoir. Pourtant, elle n’avait pas plus d’accent qu’eux. Et en revenant en France, alors qu’elle avait cinq ans, fut du même goût. Ici, on la présentait comme « la Petite Anglaise ». Rien de dramatique, me direz-vous. Pourtant, cela contribua à rendre plus difficile l’intégration de l’enfant qu’elle était. Malgré ses tentatives vaines, Louise ne parvenait pas à se faire accepter auprès des autres bambins. Très vite mise de côté, elle développa un caractère réservé et solitaire. La plupart du temps, elle souhaitait être le plus discrète possible et rares étaient les fois où on entendait sa voix. Bien qu’elle ne faisait pas d’histoires, Louise devint le bouc-émissaire de son école. Et plus ses camarades l’embêtaient, plus la brune s’enfonçait dans son monde. Pour s’évader, elle se mit à lire énormément et à dessiner ou peindre. Sa créativité s’en fit ressentir et elle était plutôt douée. Malheureusement, elle fut souvent découragée par les réactions envieuses de ses bourreaux. Ils se moquaient constamment d’elle, de ses bizarreries et de son attitude propre à la fuite. La scolarité de Louise fut donc compliquée. Heureusement, elle pouvait compter sur le soutien indéfectible de sa demi-sœur, Lia, qui ne vivait pas dans le même pays. Elles correspondaient par lettres ou courriels et essayaient de s’appeler le plus possible. Une complicité très forte naquit entre les deux jeunes femmes, si bien que Lia devient l’ancrage de Louise. Elles partageaient les mêmes passions et, malgré la distance, s’avéraient plus que fusionnelles toutes les deux. Et ce lien aurait pu être indéfectible. En grandissant, Louise rendit souvent visite à sa demi-sœur – soit dès qu’elle le pouvait. Bien qu’Elisa De Fallois avait plus de mal à accepter Lia dans leur vie, elle fit des efforts pour permettre à Louise d’être équilibrée. Elle voyait bien l’influence positive de Lia sur sa propre fille.

Lorsque Louise eut quinze ans, elle tomba amoureuse d’un garçon qui venait d’arriver dans son école. Ils avaient le même âge, tous les deux et s’entendirent très rapidement. Malheureusement, après deux ans de relation de couple, il attendait « plus » de sa petite-amie. Louise ne se sentait absolument pas prête à passer le cap. Hélas, elle se laissa berner par les menaces, du genre « Si tu ne veux pas faire l’amour avec moi, c’est que tu ne m’aimes pas. Alors, autant arrêter notre relation. ». Naïve et influençable, très attachée à lui, Louise lui offrit sa virginité, persuadée de préserver son couple. Mais comme tous les garçons de dix-huit ans, il était idiot. Il se vanta d’avoir réussi à coucher avec elle, de n’être plus puceau. Une attitude qui blessa profondément Louise. Elle comprit alors qu’il n’était pas aussi sincère qu’elle. Et elle le quitta. Malheureusement, le garçon ne voulut pas lâcher l’affaire : il était piqué dans son égo. Il se mit alors en quête de lui faire du mal, le plus possible, pour qu’elle regrette son affront. Tant et si bien qu’un soir, alors qu’elle avait dix-huit ans et qu’elle courait dans la forêt, il l’attendit avec d’autres garçons du lycée. Ils étaient prêts à en découdre avec elle. Louise n’étant pas bien épaisse, elle n’avait aucune chance de s’en sortir. C’est à cet instant qu’un homme, plus âgé, surgit de nulle part et effraya les attaquants de la jeune femme : Caleb Davis. Ce soir-là, Louise crut apercevoir des yeux luisants et des griffes sur cet inconnu. Mais lorsqu’il se retourna pour lui demander si elle allait bien, une fois les assaillants partis, il était totalement normal. L’adolescente qu’elle était encore se persuada qu’elle venait de rêver, purement et simplement.

Deux ans se passèrent. Louise développa une relation très amicale avec Caleb. Ils étaient proches et elle le voyait comme son protecteur. Ce n’est que lors d’un voyage auprès de sa sœur, qui vivait au Canada, qu’elle comprit la nature surnaturelle de Caleb. En effet, sa propre sœur, Lia Whyrte, devenue Lia Willburry grâce à son mariage heureux avec Jake Willburry, lui dévoila qu’elle était une louve-garou tout comme son mari. Surprise, Louise crut à une mauvaise blague. Sauf que, très vite, elle eut un aperçu de ce qu’était la nature lupine de sa demi-sœur. Bien qu’effrayée dans une première période, la jeune femme décida d’accepter cette révélation et d’en apprendre d’avantages. Durant ses vacances là-bas, elle réalisa que son protecteur était également un loup-garou. Et, dès son retour en France, elle le confronta à cette réalité. Il fut incapable de lui mentir. Et le seul secret qui les séparait se dissipa, renforçant encore plus leur lien devenu fusionnel.

Caleb est, pour Louise, sa force. Elle puise en lui pour trouver le courage de se battre. D’avancer. Du moins, c’était le cas. Jusqu’à il y a un peu plus de six mois. Alors que Jake appelle sa belle-sœur, Louise est persuadée que tout va bien. C’est alors qu’il lui apprend la désastreuse nouvelle : Lia a été assassinée par des chasseurs de créatures surnaturelles. Il n’a rien pu faire. Elle est décédée. Et comme si cette perte n’était pas assez douloureuse, Louise se mit à crier. D’une façon incompréhensible. Cela sortait de nulle part, comme si elle fut possédée par une entité la dépassant. Caleb, qui était présent, réussit à la calmer. Il lui expliqua, du mieux qu’il put, qu’elle était probablement une Banshee, appelée aussi Messagère de la Mort. Cela terrassa la jeune femme, qui ne comprenait rien à rien. Bien décidé à apprivoiser sa nature et découvrir la vérité sur ses origines, Louise s’inscrivit auprès de l’école pour surdoués où Caleb enseignait, appelée « Allison’s Institut ». Il s’agit, en réalité, d’un bâtiment abritant des créatures surnaturelles… et des chasseurs. La cohabitation s’annonce compliquée pour Louise, qui apprend peu à peu ce qu’elle est. Quant à sa haine pour ceux qui s’en sont pris à sa sœur, elle grandit en elle. Son désir de vengeance est si fort qu’il peut l’effrayer. D’autant qu’elle a l’impression d’être impuissante et considère son « don » comme une malédiction, puisqu’elle ne maîtrise rien du tout. Pas encore, du moins.